Le Conseil national de la refondation, une occasion manquée ?

Ou comment se place le promoteur immobilier dans cette nouvelle manière de construire la ville.
Les récentes annonces du gouvernement concernant le logement, issues du Conseil national de la refondation (CNR) et dévoilées le 5 juin dernier, ont suscité des déceptions parmi les quelque 200 participants invités depuis le 28 novembre 2022 à se pencher sur la question. La fédération des promoteurs immobiliers a exprimé son mécontentement, déplorant un mépris envers tout un secteur. De même, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, a souligné que bien que des solutions aient été présentées, elles ne sont pas suffisantes pour dynamiser la politique du logement.
Le gouvernement a identifié cinq piliers pour répondre à la crise du logement, caractérisée par 2,4 millions de demandes de logement social en attente, un record, et 200 000 personnes en hébergement d’urgence chaque soir, en plus des difficultés rencontrées par les entreprises du secteur. Ces piliers comprennent la promotion de l’accès à la propriété et à la location, le soutien à la production et à la rénovation des logements sociaux, la relance de la production de logements, et l’intensification de la rénovation énergétique du parc privé.

Cependant, certaines mesures pour atteindre ces objectifs semblent ne pas émaner du CNR, suggérant que celui-ci a peut-être servi de véhicule pour avaliser des économies budgétaires de l’ordre de deux milliards d’euros à terme. Des décisions, telles que la suppression du dispositif Pinel sans compensation, ont été critiquées, et les économies réalisées n’ont pas été redirigées vers d’autres dispositifs servant les mêmes objectifs.
D’autres annonces, telles que le maintien du prêt à taux zéro pour les ménages les plus modestes, sont présentées comme des mesures de soutien, bien que leur portée soit réduite. Cependant, des critiques ont émergé, notamment sur la disparition du dispositif pour les maisons individuelles, laissant penser que les marges budgétaires libérées auraient dû être réaffectées pour favoriser l’accession à la propriété des ménages, surtout dans un contexte de hausse des taux.
La crise actuelle est décrite comme une crise des inégalités, soulignant la disparité croissante entre les prix immobiliers, les revenus des ménages, et les prix d’autres biens. Le gouvernement semble avoir sous-estimé la gravité de la situation, mettant l’accent sur des ajustements par les prix plutôt que sur des mesures d’urgence, ce qui peut sembler risqué dans un contexte de crise structurelle. La crise est également marquée par une diminution de la mobilité résidentielle, des sauts de loyers importants pour les locataires, et une baisse des sorties du parc des logements sociaux pour l’accession à la propriété.
En conclusion, la politique du logement semble manquer de mesures concrètes et cohérentes pour faire face à la crise actuelle, et les critiques mettent en lumière le besoin d’une approche plus globale et de solutions adaptées à la complexité des problèmes immobiliers.
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